Mes premiers souvenir de voyage remontent à ma prime enfance, et je ne les ai reliés à des lieux que plus tard, en recoupant leurs impressions avec des récits de mes parents : le goût et l’odeur du fenouil frais et cru à Rome, les sons de la langue anglaise au cinéma à Londres, le blanc du sable brûlant et les rayures stridentes des chaises longues de Viareggio.

Aujourd’hui, je voyage toujours, en train surtout, en voiture, à pied, et je collecte des souvenirs : odeurs, couleurs, formes, sensations. Et je dessine, je photographie, je note, j’aquarelle. Des cahiers entiers, des feuilles qui nourrissent mon travail personnel. Je les ai longtemps gardés pour moi, avant de décider de les montrer pour la première fois. Si quelques pages de ces carnets de voyage illustrent les thèmes d’aujourd’hui, j’en ai sorti quelques séries pour les voyages ailleurs. Et je les regroupe avec des études et des croquis pour les planches (en)cyclopédiques.

Si j’ai toujours voyagé, j’ai aussi toujours lu goulûment. Les livres envahissent nos murs, livres d’art, romans de gare, livres littéraires, scientifiques, encyclopédies, livres neufs ou fatigués. J’aime aussi l’objet livre, son odeur, la typographie et la calligraphie, les illustrations, et ce même si je ne peux en lire la langue. Je retranscris ainsi dans certains travaux ces voyages intérieurs dans les livres, ma fascination pour l’écrit et pour les gestes de l’écriture. Certaines œuvres, certains thèmes sortent de mes bibliothèques.